Régime sans résidu perte de poids avis : ce qu’en disent vraiment médecins, patients et nutritionnistes

Régime sans résidu perte de poids avis : ce qu’en disent vraiment médecins, patients et nutritionnistes

Dans la file de la pharmacie : « Vous avez un régime sans résidu pour maigrir ? »

La scène devient fréquente. Une cliente demande au comptoir : « On m’a parlé du régime sans résidu pour perdre du poids, c’est efficace ? ». La pharmacienne lève les yeux : « Vous avez des soucis digestifs ? Une coloscopie prévue ? ». Non. Juste quelques kilos en trop et l’impression d’avoir « le ventre gonflé ».

Le régime sans résidu, à l’origine, n’a rien à voir avec le bikini de l’été. C’est un régime médical, pensé pour reposer l’intestin et préparer certains examens. Alors pourquoi circule-t-il maintenant sur TikTok, dans les groupes Facebook et au bureau comme une nouvelle « méthode express » pour maigrir ?

Entre promesses rapides, restrictions sévères et avis très partagés, on a demandé : que disent vraiment médecins, patients et nutritionnistes de ce régime quand il est détourné pour la perte de poids ?

Régime sans résidu : c’est quoi, exactement ?

Avant de parler kilos, il faut clarifier ce dont on parle. En langage médical, un « régime sans résidu » vise à réduire au maximum :

  • les fibres (fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses),
  • tout ce qui stimule trop le transit intestinal (plats très gras, épices fortes…),
  • les aliments difficiles à digérer (certaines crudités, graines, peaux des fruits, etc.).

Objectif : « mettre l’intestin au repos ». Ce type de régime est principalement utilisé :

  • avant une coloscopie ou une chirurgie digestive, pour vider au mieux l’intestin ;
  • en cas de poussée de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) : maladie de Crohn, rectocolite hémorragique ;
  • dans certaines phases de diverticulite ou de pathologies digestives aiguës, sur prescription médicale.

Il existe deux versions :

  • régime sans résidu strict : presque aucune fibre, très limité dans le temps (souvent 2 à 3 jours) ;
  • régime sans résidu élargi : un peu plus souple, parfois suivi quelques semaines, toujours sous suivi médical.

En résumé : ce n’est pas un « régime minceur », mais un outil thérapeutique pour des intestins fragilisés.

Pourquoi ce régime fait-il (parfois) maigrir ?

Beaucoup de témoignages parlent de « 2 à 4 kilos en quelques jours ». La question logique : est-ce de la vraie perte de poids ? Pas vraiment.

Quand on passe à un régime sans résidu :

  • on retire presque tous les légumes, la plupart des fruits, les céréales complètes, les légumineuses ;
  • on mange souvent moins, par lassitude (riz blanc, pâtes, viande, fromage frais… difficile d’avoir envie de grandes portions) ;
  • on perd du contenu intestinal : moins de selles, moins d’eau dans le tube digestif ;
  • on perd aussi une partie du « poids d’eau » lié au glycogène (les réserves de sucre stockées avec de l’eau).

Résultat : la balance descend, mais une bonne part de cette perte correspond :

  • à une diminution du volume digestif (moins de selles, moins de gaz),
  • à de l’eau, plus qu’à de la graisse.

En clair, ce n’est pas une méthode de « brûlage de graisses », mais plutôt une façon, assez brutale, de vider le tube digestif et de réduire les apports alimentaires pendant quelques jours. Dès que l’on remange normalement, une partie du poids revient.

Ce qu’en disent les médecins : « Ce n’est pas un jouet minceur »

Les gastro-entérologues sont unanimes : ce régime n’a pas été créé pour faire maigrir. Il est même loin d’être anodin s’il est utilisé sans raison médicale.

Les médecins interrogés mettent en avant plusieurs risques :

  • carences si le régime est suivi plus de quelques jours sans suivi : vitamines (C, B9…), minéraux (magnésium, potassium), fibres ;
  • déséquilibre du microbiote : les fibres étant la « nourriture » principale des bonnes bactéries intestinales, les priver durablement peut fragiliser la flore ;
  • effet yo-yo : après une phase très restrictive, le retour à une alimentation classique s’accompagne souvent d’un rattrapage calorique et d’une reprise des kilos ;
  • fausse sécurité : « J’ai réussi à perdre 3 kilos en 10 jours, je le referai avant les vacances », alors que le problème de fond (alimentation globale, activité physique, sommeil, stress) n’est pas traité.

Un gastro-entérologue parisien résume : « Nous utilisons ce régime comme on utilise un médicament : à une dose, pour une durée, avec une indication précise. L’employer en libre-service pour la perte de poids, c’est un peu comme prendre des antibiotiques sans avoir d’infection. »

La Haute Autorité de Santé et les sociétés savantes de gastro-entérologie rappellent d’ailleurs que ces régimes doivent être prescrits, personnalisés et aussi courts que possible.

Patients : entre soulagement digestif et grosse frustration

Côté patients, le discours est plus nuancé. Pour ceux qui souffrent de MICI ou de pathologies digestives, le régime sans résidu peut être un vrai soulagement lors des phases aiguës.

Quelques retours fréquents :

  • « En poussée de Crohn, c’est le seul moment où j’ai moins mal au ventre. »
  • « Avant ma coloscopie, j’ai perdu 2 kilos. Ils sont revenus en 5 jours. »
  • « C’est efficace pour calmer la diarrhée, mais mentalement, c’est dur : plus de crudités, plus de fruits, je me sens limitée en permanence. »

Les personnes qui l’essaient « juste pour maigrir » décrivent plutôt :

  • un effet rapide sur le ventre gonflé (moins de ballonnements, silhouette un peu plus « plate »),
  • une lassitude alimentaire : peu d’aliments autorisés, répétition des mêmes plats, repas peu conviviaux ;
  • une perte de poids limitée et peu durable.

Une lectrice résume : « J’ai tenu 8 jours, j’ai perdu 3 kilos, repris 2 en une semaine. Et je me suis surtout rendu compte que ce n’était pas vivable au quotidien. »

Nutritionnistes : « Ce régime ne traite pas la vraie question »

Les diététicien·ne·s et nutritionnistes voient arriver des patients convaincus d’avoir trouvé une solution miracle. Leur avis est généralement très réservé.

Leur argument principal : un régime sans résidu ne répond à aucune des causes de surpoids les plus fréquentes :

  • grignotages liés au stress,
  • portions trop importantes,
  • excès de produits ultra-transformés,
  • manque de mouvement,
  • sommeil insuffisant,
  • troubles hormonaux ou métaboliques non pris en charge.

Au contraire, il retire des aliments qui, dans un contexte de perte de poids saine, sont plutôt protecteurs :

  • légumes riches en fibres, rassasiants ;
  • fruits entiers, sources de vitamines ;
  • légumineuses, utiles pour stabiliser la glycémie ;
  • céréales complètes, qui aident à réguler l’appétit.

Beaucoup insistent aussi sur le message envoyé au corps : « Pour maigrir, tu dois être privé, contraint, limité ». Un message qui entretient la culpabilité et les cycles de régimes à répétition.

Ils préfèrent travailler sur :

  • une réduction progressive des apports caloriques,
  • l’amélioration de la qualité des aliments,
  • la gestion des émotions,
  • l’activité physique adaptée.

Vous pensez à ce régime pour maigrir ? Questions à se poser

Avant de vider vos placards de tout ce qui contient des fibres, un petit détour par l’auto-questionnaire peut éviter de mauvais choix.

Demandez-vous :

  • Ai-je des problèmes digestifs diagnostiqués (Crohn, RCH, diverticulite, etc.) qui justifieraient ce régime ?
  • Un médecin m’a-t-il recommandé noir sur blanc ce régime, avec une durée précise et une liste d’aliments ?
  • Suis-je déjà en situation de fragilité (IMC bas, fatigue intense, carences, troubles du comportement alimentaire) ?
  • Est-ce que je cherche une solution rapide pour un événement ponctuel (mariage, vacances, shooting photo) ?
  • Qu’est-ce qui m’empêche aujourd’hui de mettre en place des changements plus progressifs et durables ? Manque de temps ? De repères ? De soutien ?

Si la réponse est : « Rien de tout ça, je veux juste perdre du poids vite », le régime sans résidu n’est probablement pas la bonne porte d’entrée.

Que faire à la place pour perdre du poids sans jouer à l’apprenti gastro-entérologue ?

Pour les personnes sans pathologie digestive particulière, les recommandations des instances de santé restent étonnamment simples… et à l’opposé d’un régime sans résidu.

Quelques axes concrets :

  • Garder des fibres, mais les adapter : si vous avez tendance aux ballonnements, privilégiez au départ les légumes cuits, les fruits cuits ou bien mûrs, les céréales semi-complètes plutôt que complètement complètes.
  • Réduire les sucres rapides et les produits ultra-transformés : boissons sucrées, biscuits, bonbons, plats préparés riches en sucres cachés et en graisses de mauvaise qualité.
  • Augmenter légèrement les protéines (œufs, poissons, volailles, produits laitiers, légumineuses bien tolérées) pour maintenir la masse musculaire et la satiété.
  • Travailler sur les portions : utiliser une plus petite assiette, servir moins de féculents et plus de légumes, garder un œil sur les huiles et beurres ajoutés.
  • Bouger régulièrement : pas besoin forcément de course à pied. Marche quotidienne, vélo, natation, jardinage dynamique… tout compte.
  • Regarder ce qui se passe le soir : beaucoup de prises de poids se jouent entre 20 h et minuit (télé, fatigue, grignotages, alcool).

Ce n’est pas spectaculaire. Mais ce sont ces ajustements modestes, tenables sur des mois, qui donnent une perte de poids lente… et durable.

Et si mon ventre gonfle sans cesse, est-ce que ce régime peut m’aider ?

La tentation est grande : ventre gonflé, inconfort, fatigue après les repas… On se dit que supprimer les fibres va forcément soulager. C’est parfois le cas, mais la question est : pourquoi ce ventre gonfle-t-il ?

Plusieurs pistes possibles :

  • syndrome de l’intestin irritable,
  • intolérance au lactose ou au fructose,
  • consommation très rapide des repas (beaucoup d’air avalé),
  • excès de boissons gazeuses,
  • trop de fibres d’un coup, surtout si l’on n’en consommait presque pas avant,
  • stress chronique qui modifie la motricité intestinale.

Dans ces cas, un régime sans résidu généralisé n’est pas forcément la bonne réponse. Certains médecins ou diététiciens préfèrent :

  • tester un régime FODMAPs adapté,
  • travailler sur le rythme des repas, la mastication, le stress,
  • identifier quelques aliments déclencheurs précis (chou, oignon cru, légumineuses mal cuites, etc.).

Là encore, l’essentiel est de ne pas s’auto-prescrire des régimes restrictifs prolongés sans diagnostic ni accompagnement.

Si mon médecin m’a prescrit un régime sans résidu, comment bien le vivre ?

Si, cette fois, la décision est médicale (coloscopie prévue, poussée de MICI, chirurgie digestive), l’objectif n’est pas de perdre du poids, mais de protéger votre intestin. Quelques repères peuvent aider à mieux traverser cette période.

Questions utiles à poser au médecin ou au diététicien :

  • « C’est un régime sans résidu strict ou élargi ? Pendant combien de jours exactement ? »
  • « Quels aliments sont autorisés dans mon cas précis ? »
  • « Y a-t-il des compléments (vitamines, boissons de nutrition orale) à prévoir si ça dure plus d’une semaine ? »
  • « Quels signes doivent m’alerter (fatigue, vertiges, constipation sévère) ? »

Pour le quotidien, quelques astuces pratiques :

  • Varier au maximum dans le cadre autorisé : alterner riz, pâtes, semoule fine, pommes de terre, différentes viandes maigres et poissons, petits desserts adaptés (crèmes desserts, yaourts sans morceaux si autorisés).
  • Soigner les textures : purées lisses, compotes, potages filtrés (si permis), plutôt que des plats secs qui coupent vite l’appétit.
  • Garder des horaires de repas réguliers pour éviter de se sentir encore plus fatigué ou irritable.
  • Prévoir l’après-régime avec le soignant : comment réintroduire progressivement les fibres, dans quel ordre, sur combien de jours.

Le message clé : ce régime est un outil temporaire, pas un nouveau mode de vie. Une fois la période passée, revenir à une alimentation variée reste la priorité.

Ce qu’il faut retenir avant de cliquer sur « régime sans résidu menu minceur »

Sur le papier, un régime qui vide l’intestin, fait baisser rapidement le chiffre sur la balance et promet un ventre plus plat a tout pour séduire. Mais en recollant les avis des médecins, des patients et des nutritionnistes, le tableau est plus net :

  • le régime sans résidu est un régime médical, indiqué pour des pathologies digestives précises ou certains examens ;
  • la perte de poids qu’il entraîne est en grande partie liée à l’eau et au contenu intestinal, pas à une fonte significative de la graisse ;
  • utilisé sans indication ni suivi, il peut favoriser des carences, dérégler le microbiote et accentuer les cycles de régimes ;
  • pour un objectif de perte de poids durable, il n’apporte aucune solution aux vraies causes (habitudes alimentaires, activité physique, sommeil, stress).

Si vous êtes tenté·e, la meilleure première étape n’est pas de supprimer d’un coup les fibres, mais de prendre rendez-vous : médecin traitant, gastro-entérologue si nécessaire, diététicien·ne diplômé·e. Pour vérifier d’abord si votre intestin réclame vraiment le repos… ou si c’est votre relation à l’alimentation qui a besoin, elle, d’être entièrement repensée.